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TAPALAPA
11 décembre 2009

# mercredi 11 novembre #

Pendant que Djebel va faire réparer le 4x4, nous prenons notre petit déjeuner au campement et vidons les chambres. Les bagages sont déposés dans le bureau du patron et nous allons faire un dernier tour au marché. J'essaie d'appeler mes enfants en France, je laisse un message sur le répondeur de leur père.
Djebel ne veut pas nous emmener à Etiolo où nous devons passer la nuit. Il râle constamment, prétextant une piste endommagée et des freins abîmés qu'il n'a pas pu faire réparer à Kédougou. Mais nous prendrons quand même la route en fin de matinée.
La piste jusqu'à Salemata n'est pas très accidentée. Nous en connaissons une partie jusqu'à Ibel. Le reste traverse une végétation luxuriante, des cultures de riz et de coton. Je passe le plus clair du temps le nez à la fenêtre du véhicule à photographier à la volée les gens qui circulent à pied ou à vélo. Le paysage montagneux est très beau. Trois couleurs se partagent la palette, le rouge de la piste, le blond des herbes hautes et le vert des arbres.

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Nous enjambons plusieurs petits ponts au dessus de rivières plus ou moins asséchées. Nous photographions des termitières champignon, particularité de la région.

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Sur la route nous embarquons un jeune homme qui déjeunera avec nous au restaurant/épicerie à l'entrée du village. Nous attendrons pour nous installer autour du plat le départ d'ouvriers qui nous ont posé les questions d'usage : Bonjour, ça va ? Vous venez d'où ? Ah la France !

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A côté de moi, un petit garçon s'est assis. D'abord muet et observateur, il se met à chanter dans sa langue ce qui ressemble à une comptine, une berceuse.
Je mitraille une jolie petite fille en essayant de la shooter quand elle ne pose pas.

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Après le thé, nous allons visiter l'école maternelle rudimentaire et désertée ce 11 novembre, sur laquelle est placardée des affichettes reprenant le colloque du jour pour l'éducation des filles. Les femmes du restaurant préparaient d'ailleurs à manger pour ce groupe de travail.

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Nous nous rendons à la mission catholique et au dispensaire. Les soeurs nous expliquent que le gouvernement ayant décrété le palu éradiqué à 70 % il ne fournit plus de médicaments. La situation sanitaire a, de leur point de vue, décliné et elles doivent faire avec encore moins...
Pendant l'hivernage les soeurs restent au dispensaire, mais pendant la saison sèche elles sont en brousse pour les campagnes de vaccination et les soins.

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La mission catholique est un endroit très fleuri. Frangipanier dans la cour et les rosiers de la mère supérieure polonaise. Elles ont une cuisine "labo" qui ressemble à s'y méprendre à une cuisine française, et un patio ombragé.
Elle nous ont reçu dans une grande pièce de réception encombrée de meubles et de bibelots et nous ont offert de l'eau. Karine n'arrivera à en boire qu'une gorgée, elle a peur de tomber malade. J'ai un peu de mal aussi mais la soif l'emporte. Monique nous dira ensuite que les soeurs sont équipées d'un filtre pour l'eau et que nous ne risquions rien.
Dehors, nous chassons la poussière collée à nos pieds sous l'eau du robinet. Nous rafraichissons nos nuques et nos mains, encore une fois nous voilà en plein soleil aux heures les plus chaudes ! Karine et moi soufflons à l'ombre sur un banc pendant que les autres visitent le dispensaire où il est question de frottis vaginal et autres douceurs...

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Sur le chemin, nous conversons avec un grand jeune homme qui vient d'installer une friterie. Nous lui apprenons notre destination pour Etiolo et il nous présente Jean-Pierre, cousin d'un certain Adrien que Monique connaît, le monde est petit, l'Afrique aussi... Il accepte de nous servir de guide en pays Bassari. Ce soir il nous conduit à son village Eganga où se prépare une fête de la corvée. Nous dormirons là bas.
De retour au 4x4, nous informons Djebel de notre destination et lui présentons Jean-Pierre. Notre chauffeur avait d'autres plans, notamment celui de nous imposer le jeune auto-stoppeur comme guide. Djebel, géant peul musulman au milieu du peuple bassari, animiste et plutôt petit et trapu, n'est pas dans son élément...
Un dernier périple en pleine brousse où le véhicule se fraye un chemin entre les broussailles et nous sommes au village.

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Karine, Monique et moi nous installerons pour la nuit à la belle étoile sous la case du centre du village qui n'a pas de mur. Nous avons accroché la moustiquaire et enfilé chaussures fermées car nous allons rejoindre le lieu de la fête à pied. Nous attendons en vain l'oncle de Jean-Pierre, chef du village. Nous sommes assis sur un lit en bambou. Les enfants nous observent à une distance respectable. Finalement nous n'attendrons pas plus longtemps et quittons le village alors que la nuit tombe... Une bonne demi-heure à progresser dans la brousse, éclairées par 2 ou 3 petites torches. Nous enjambons une rivière en équilibre sur des pierres rondes, croisons veaux et vaches accrochés à des piquets qui barrent soudain la route. J'aperçois une araignée qui court sous le feu de la lampe. La balade n'en finit plus, nous questionnons plusieurs fois Jean-pierre sur la distance qu'il reste à parcourir. Il reste très évasif, il est sûr que nous n'avons pas du tout la même conception de l'espace et du temps...
Enfin le village dont nous avions fini par apercevoir les lueurs des feux. Nous saluons les vieux et Bernard, l'instigateur de cette fête de la moisson à laquelle tout le monde a participé. Dans sa case nous goutons l'hydrosucré : sucre + vin de palme en grignotant des arachides. Viens ensuite le vin de palme à proprement parlé, fabriqué à base de maïs fermenté. Un goût de bourru fade. Nous sommes invitées à déguster le plat favori des Bassari, le To. C'est l'équivalent de notre polenta, version sans sel, accompagné d'une sauce au kombo, d'un joli vert gélatineux...
Le village n'est éclairé que par les feux qui alimentent les marmites. La voie lactée est visible, c'est une splendeur.
Dans un coin du village, nous observons les femmes qui pilent en chantant le maïs qui sera transformé en vin, surnommé 4x5.
Monique prend quelques photos au flash, les ancêtres récupèrent la cola et nous récupérons Jean-Pierre avant qu'il ne soit saoûl, nous sommes incapables de retrouver son village toutes seules ! Pendant le chemin du retour, Karine le fait parler pour désembrumer son cerveau...
Augustin, l'oncle de Jean-Pierre et père d'Adrien nous accueillent avec du thé qui glougloute sur un petit brasero typique du pays Bassari. Nous nous réunissons autour du feu et discutons des moeurs des Bassari pendant que les enfants dorment dehors, installés en rang d'oignon sur un matelas tout proche. Ils n'aiment pas s'endormir dans les cases sombres pendant que leurs parents refont le monde à l'extérieur sous les étoiles. C'est malheureusement là qu'ils se font dévorer par les moustiques...
Jean-Pierre nous raconte son éducation à la mission catholique. Il trouvre les chrétiens trop individualistes et a donc préféré rester près de son peuple et de sa famille. A 25 ans, il ne souhaite pas se marier déjà, veut profiter de la vie. Son frêre aîné non plus n'a pas d'épouse.
Les bassari sont donc animistes. On leur attribue à la naissance et par ordre d'arrivée dans la fratrie, un prénom, toujours le même pour les aînés, les cadets, etc... C'est à la mission où ils vont à l'école qu'ils choisiront un prénom chrétien.
Les musulmans disent des bassari qu'on ne peut pas les convertir à l'islam car ils boivent trop !
Le plat arrive, c'est du fonio arrosé d'une sauce à l'arachide. Le fonio est à nouveau cultivé au Sénégal car il permet de réguler le diabète.
Karine ne pourra rien avaler, son appréhension pour les boissons et la nourriture locales ont eu raison de son estomac fragile. Le to et le vin de palme l'ont barbouillée.

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