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TAPALAPA
19 avril 2010

#dimanche 22 novembre#

Dernier jour en Afrique. Ce matin, très tôt, le mezzin nous déchire les tympans. Mais à part ça, la ville est plutôt silencieuse et nous entendons tout de même le chant du coq. Nous déjeunons au lit de nectar de mangue et de biskrems achetés la veille et le sommeil nous rattrape. Il est certainement encore très tôt mais règne dans la chambre baignée de l'orange des murs un air de grasse matinée dominicale. Les portes-fenêtres à persiennes sont encores closes, elles diffusent une lumière qui porte à croire que le ciel est dégagé sur Dakar. L'air est doux, la circulation reprend alors que j'écris ces lignes. Pour la dernière fois, nous plions moustiquaire et bagages.

Sur la route de la clinique du cap, j'achète un diampé pour ma soeur.
Monique a bonne mine et n'a pas l'air de souffrir. Elle est en salle de réveil depuis son arrivée, n'ayant pas voulu qu'on lui attribue une chambre. Karine a perdu ses lunettes de soleil dans la clinique, ses tongs lui ont fait des ampoules, nous portons un gros sac de linge sale, il fait chaud. De retour à l'hôtel, nous décidons d'errer dans la ville à la recherche, vaine, d'un bar avec terrasse ombragée. Nous finissons par dénicher un banc au bout d'une ruelle qui donne sur la corniche et les grands hotels de la côte. Nous grignotons bananes et coca pendant qu'une jeune femme devant nous lave des récipients en plastique près d'une bouche d'égout. Elle utilise cette lessive que j'ai senti partout et dont j'ai acheté une dose la veille dans une épicerie pour m'en souvenir en France.

De retour à l'hôtel, nous retrouvons Emmanuel, un jeune étudiant qui a rendu visite à Monique ce matin et lui a fait quelques courses. Nous l'invitons à se désaltérer au café de Rome, rendez-vous des expats avec clim, cartes de plats français et chaînes d'infos en boucle sur les écrans fixés au plafond.
Je viens de négocier une bague en argent comme j'en vois sur de nombreux sénégalais, hommes ou femmes, depuis le début de notre séjour. Un anneau plat surmonté d'un cabochon arrondi ouvragé et creux mais qui peut contenir un grigri, des versets du coran. Fatou avait au doigt une bague contenant un grigri, m'avait-elle dit avec un air mystérieux...
Nous essayons de trouver des nattes au marché de Sandaga, accompagnées cette fois par Emmanuel pour plus de sûreté. A la veille de la tabaski, la population est nerveuse, le besoin d'argent est palpable pour acheter le mouton qui sera sacrifié. Les petites nattes que  l'on nous présente ne sont pas assez travaillées, elles nous déplaisent, tout comme celles que nous avons trouvé en brousse. Je commence à croire que celles qui sont proposées en France et sur le net sont fabriquées exprès pour l'exportation et que si l'on ne connait pas les bonnes filières, on a aucune chance de tomber dessus au gré des marchés.

De retour à l'hôtel, épuisées, nous nous endormons sur les petits canapés du salon. A notre réveil il n'est que 17 h 30 et je meurs de faim. Direction la boulangerie et l'épicerie. Sandwiches à la vache qui rit et biskrems seront notre goûter. L'après-midi n'en finit plus. Dakar est toujours désert. Arlette et Régine rentrent de leur promenade dominicale et nous nous préparons enfin à rejoindre l'aéroport. Coup de fil de la femme de Djebel : il y sera avec les valises dont il avait la garde depuis notre séparation. Quel soulagement pour les filles qui lui avaient laissé tous leurs souvenirs.

Nous arrêtons un taxi, un jeune homme avec beaucoup de bagou et qui conduit comme un fou. Mais comment faire autrement sur les bretelles qui encerclent la ville ! Nous dépassons un bus dont le pot d'échappement crache des flammes et disperse des étincelles sur les voitures qui l'entourent. Des vélos circulent au milieu des 4 roues, il fait nuit, et je mesure avec effroi le danger qui les frôle...

L'embarquement des bagages se passe sans souci. Djebel apparait avec sa femme, très élégante, et ses plus jeunes fils. Ils sont endimanchés, viennent de rendre visite à la famille. Retrouvailles chaleureuses. Djebel veut nous obliger à quitter l'aéroport pour récupérer les valises. Je refuse de dépasser le portail. J'ai l'impression de revivre notre arrivée. Il envoie ses garçons qui bientôt reviennent avec les bagages tant convoités ! Nous nous séparons enfin.

J'ai réussi à poster les 4 cartes postales que  je trimballe depuis notre premier passage à Tambacounda et je change le reste de devises auprès du très beau jeune homme qui avait procédé au change dans le sens inverse 15 jours auparavant. Je lui apprends l'état dans lequel se trouve Monique puisqu'il la connait.

Pendant que je relis mes notes, deux ambulances se sont garées sur le tarmac, Monique est dans l'une d'entre elles.
Elle sera installée à l'arrière de l'avion, près des portes, entourée d'un rideau. Je lui rends visite pendant le vol, elle a froid et je rajuste polaires et couvertures autour d'elle.

Difficile de résumer cette aventure sénégalaise. Régine est restée choquée par ce voyage et n'a pas repris à ce jour contact avec Monique. Celle-ci a été opérée avec succès, et envisage un nouveau périple en pays bassari pour le mois de novembre 2010. A l'heure où je termine d'écrire en ligne ce journal de bord, elle est quelque part à Salamanque, toujours prête pour visiter un coin de la planète. Nous n'avons pas revu Arlette mais Monique la voit régulièrement.
Ce voyage ne fut évident pour personne, à commencer par notre guide qui a connu les affres de la douleur physique et du rapatriement d'urgence. Mais c'est pourtant elle qui repart bientôt. Karine et moi ne repartirons pas en Afrique, d'abord parce que nous avons d'autres contrées à découvrir et puis parce que la misère que nous avons rencontrée là bas a fini de forger notre conviction que nous n'avons rien à y faire. Nous n'avons pas la fibre humanitaire et le tourisme est pour nous, impensable dans ce pays de misère. Les conditions de vie sont déplorables dans les villes et dans la brousse, elles se déteriorent même, de l'avis de ceux qui connaissent le pays depuis longtemps. L'Afrique fait peine à voir et ce constat est déchirant.

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Commentaires
M
Coucou,<br /> je viens juste de découvrir cette partie de ton blog j'ai été fascinée par les images car je ne suis jamais allée en Afrique... Et je la découvre différemment de ce qu'on voit à la télé. J'ai lu un peu le texte mais il me faudra une soirée pour lire tout ça, bientôt.
R
en tout cas merci pour ce journal...oui vraiment difficile...
TAPALAPA
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