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TAPALAPA
11 décembre 2009

# jeudi 12 novembre #

La nuit est peuplée des bruits de la brousse. Insectes, oiseaux, hyènes que je prends d'abord pour des pleurs d'enfants. A l'aube, c'est le bruit du pilon qui résonne. Nous déjeunons tous ensemble et Karine tartine du chocolat pour les enfants.

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le brasero qui ressemble à l'araignée de louise bourgeois

Pendant une de nos conversations avec Adrien, nous évoquons l'excision. Il nous affirme qu'elle est interdite ici. Que les gens qui la pratiqueraient seraient emprisonnés. Que l'on s'est aperçu que les femmes excisées n'étaient plus "amoureuses"... Nous sommes dubitatives... Interdite certes, plus pratiquée ????

Nous partons pour Etiolo qui veut dire "coup de feu". Pendant une guerre entre les peuls qui voulaient les convertir et les bassaris, ces derniers s'étaient retranchés dans la montagne et tiraient sur leurs assaillants. Le village gardera ce nom.

En chemin, je demande à Jean-Pierre comment se déroule la culture du coton. Il m'explique qu'une société à le monopole de l'exploitation. Elle avance aux agriculteurs la semence et les engrais, rachète la récolte et distribue. C'est une culture exigeante qui demande beaucoup d'eau...

Le campement de Balingo est un petit paradis. Nous nous posons sur les fauteuils en bambou de la salle de réception pendant que l'on prépare nos cases et que l'on remplit d'eau les grandes bassines pour la douche. Il n'y a pas l'eau courante, le puits est à quelques mètres du campement.

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Nous feuilletons avec Jean-Pierre un livre sur la culture bassari. Nous l'interrogeons sur la tradition locale pour enterrer les défunts. Ce sont les adultes qui s'occupent de laver le corps et de creuser la tombe. Autrefois la dépouille était enroulée dans des feuilles, maintenant les linceuls sont en toile. Les femmes ne vont pas au cimetière.

Les garçons sont circoncis vers 9/10 ans au dispensaire. Vers 14/15 ans, ils sont initiés. Pendant une année, ils sont isolés dans une case sans fenêtre, ne reçoivent que la visite de leur père, ne sortent que pour mendier leur nourriture et effectuer quelques besognes pour les villageois. A l'issue de cette période d'isolement, ils passent deux semaines en brousse, seuls, et doivent trouver eau et nourriture par leurs propres moyens. Puis a lieu la cérémonie, en costumes traditionnels. Jean-Pierre nous confirme que ce rituel de passage est une expérience très éprouvante. Les cérémonies ont lieu au printemps devant une foule considérable de villageois mais aussi de journalistes et ethnologues.

Nous découvrons nos cases. Elles sont rondes, en terre et toit de paille, les pieds de lits sont fichés dans le sol et les moustiquaires déjà prévues. Simple et de bon goût. Chaque case porte un nom, la nôtre s'appelle Tama.

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Si nous avons eu de véritables douches dans le campement de kédougou, ici la toilette se fait à la gamelle : un seau d'eau et une calebasse. De cette façon, un demi seau suffit à la toilette. C'est une véritable renaissance, à Eganga nous ne nous étions pas lavées au grand dam des villageois qui sont très propres. Mais nous n'avions eu ni le temps avant la nuit, ni de moyen très "pratique" pour nous débarbouiller. Les lingettes avaient fait l'affaire mais la terre rouge est incrustée dans les pores de notre peau...

Pendant l'apéritif, nous dégustons de gros avocats achetés à Kédougou sur le marché, arrosés pour Karine et moi de gazelle fraîche et abordons le sujet du "gourou" avec Djebel et Jean-Pierre. Le gourou ou Jésus le sauveur en bassari, est un insecte volant, type grosse guêpe inoffensive pour l'homme. Il construit sa "chambre" avec de la boue, y enferme n'importe quel insecte qu'il trouve et tue. Au bout d'une dizaine de jours, la chambre s'ouvre et sort un gourou à la place de l'insecte. Le mystère de cette transformation passionne les deux hommes qui nous racontent leurs expériences tentées pour essayer de percer le secret du gourou...

Nous déjeunons avec Balingho. C'est un homme assez âgé aujourd'hui qui a fait plusieurs voyages en France et aux Etats Unis pour représenter la culture bassari. Il nous conte ses aventures en pays civilisé, son retour au pays et l'installation du campement. Arlette est sous le charme de ce conteur hors pair qui connait son histoire par coeur et l'accommode aux désidératas des touristes de passage.

Nous partons pour une petite promenade jusqu'au village. Nous y allons à pied. Nous ne pourrons pas aller au marché, trop loin, il est aussi trop tard (la nuit tombe tôt et vite) et le 4x4 aux freins abîmés ne peut pas nous y conduire. La place du village est excentrée. Elle est le lieu des fêtes en particulier celle de l'initiation où il s'y presse tellement de monde que, comme nous le dit Jean-Pierre, on ne peut même pas cracher tellement on est nombreux !

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En chemin je photographie les cultures : mil, arachide. Un jeune garçon perché dans un arbre joue de la flûte pour éloigner les oiseaux qui pourraient venir manger la récolte. Son chien veille avec lui au pied de l'arbre.

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Au retour, nous croisons le jeune frère (un homme d'une soixantaine d'années) du chef du village ! Nous discutons quelques minutes avec lui. Il revient de Salemata, un bâton à la main. Jean-Pierre en avait taillé un pour Monique afin de lui faciliter la descente jusqu'au campement. En nous quittant, l'homme offre son bâton à Monique en échange du sien, grossier morceau de bambou. Monique est ravie et Jean-Pierre s'exclame " Monique et Léon se sont échangés leur bâton" !!

Nous nous arrêtons au puits et remplissons nos bouteilles. Ce soir nous boierons l'eau puisée par les enfants, désinfectée avec des tablettes d'aquatab.

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les jumeaux d'Etiolo

Après la douche nous nous installons sur des matelas, sous le ciel étoilé. Les garçons préparent les trois thés. La mort, la vie, l'amour. Pour la première fois, je remarque que Djebel tient entre ses doigts son chapelet. Je le soupçonne toujours d'être mal à l'aise au milieu des bassari. Nous dînons avec Balingo et cherchons les étoiles filantes. La voie lactée se dessine. Nous chantons quelques vieilles mélodies du répertoire français de variété entre deux fous-rires. Les lampes tempêtes attirent insectes et chauve-souris. Pendant que j'écris, une mante religieuse attirée par la lumière s'est réfugiée sous le lit de Karine.

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Commentaires
G
j'ai photographié à la volée quand j'étais en voiture certes, comme je l'aurais fait dans une grande ville, new york ou londres par exemple. Ceci dit, bien souvent je n'ai pas photographié les gens sans leur demander leur accord, je ne les ai que très peu photographié d'ailleurs parce que je n'aime pas leur demander "je peux ?".<br /> Pour la terre, c'est pareil, je ramasserai certainement de la terre ou un caillou à central park si je vais y faire un jour mon footing !!!!!
M
je suis toujours mal à l'aise devant les photos de personne, les portraits. je n'ai jamais osé photographier des inconnus pour les exposer au regards d'étrangés. dans le récit de voyage c'est la seule limite que je vois et la seule chose qui me rende inconfortable. Cela me fait penser a ceux qu'a du vivre ma grand mère camerounaise et aux questions, au regards, au jugements de parfaits inconnus posé sur elle. comme une choses exposée. Et si nous exposions un village Périgourdin de la sorte, avec des enfants blancs... le nez sale. et si on ramassait des bouteilles de terre brune de France, juste pour ramener cette belle couleur. Mon Afrique a si peu...
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