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TAPALAPA
4 décembre 2009

# lundi 9 novembre #

Pour se protéger contre le palu, nous avions choisi Karine et moi de prendre du Lariam. Histoire de ne pas ingérer un médicament par jour. Mais la veille du départ, j'ai lu de telles horreurs concernant les effets secondaires liés à la prise de ce médicament que je n'ai plus voulu l'avaler. Nous sommes parties quand-même avec la boîte dans notre valise sans avoir testé le produit comme nous l'avait recommandé le médecin de l'hôpital où nous nous sommes fait vaccinées contre la fièvre jaune et certaines méningites. La première nuit à Keur-massar sur la terrasse, il y avait du vent et donc pas de moustique. Le lendemain, Djebel nous ayant installé une tente, nous étions à l'abri du vent. Le matin au réveil, nous constations quelques piqûres... Il fallait prendre une décision...

Le problème du Lariam est résolu. Monique a trouvé deux boites de doxycycline dans le stock de médicaments qu'elle a emporté. Karine et moi nous résignons à prendre un cachet quotidiennement. Hier nous avons été piquées par les "yos" à l'Alliance française. Kaolack est d'ailleurs baptisée la capitale des "yos"...
Départ le matin très tôt pour Tambacounda. Le soleil s'est levé devant nous, dans la poussière de latérite soulevée par les camions. La route qui rejoint le Mali est en construction, nous sommes constamment déviés et avançons sur les pistes rouges. Nous prenons notre petit déjeuner à Khoungheul. Café très sucré et sandwich à la pâte de cacao, servis par une femme qui essaie ainsi de gagner un peu d'argent pour élever ses enfants. Elle est divorcée, comme de plus en plus de femmes ici. Les talibés tournent autour de nous, affamés, les yeux malades. Monique achète du pain pour eux que la femme leur distribue.

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A Tambacounda, nous faisons une halte à la division hydraulique. Nous sommes reçus par le chef de brigade dans son bureau climatisé. Nous lui parlons de nos projets de rejoindre le pays Bassari. Il nous propose de passer par Niokolo Koba le parc naturel. Mais renseignement pris par téléphone, il s'avère (et nous nous en doutions) que le parc est impraticable juste après l'hivernage. Les pistes ne sont pas sûres, certaines parties sont inondées. Il nous apprend que le parc est autogéré par les villages alentours. Les chasseurs qui ne peuvent plus braconner pratiquent un système interne de surveillance. Les animaux s'auto-régulent en se déplaçant d'un pays à l'autre mais comme ils ne sont plus chassés, ils ont tendance à rester davantage sur zone.

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Jusqu'à Tambacounda, nous avançons parallèlement à la voie ferrée qui mène les trains jusqu'au Mali. Près de la gare, nous visitons le marché. Calebasses, louches, thouraï, balais et pierre ponce seront nos achats du jour.

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Nous reprenons la route sous une chaleur écrasante. De loin en loin nous dépassons des villages de huttes. Sur certains toits de paille s'étalent les courges locales ou calebasses qui feront les récipients que nous avons achetés plus tôt.

Pause déjeuner au campement touristique de Dar Salam. Un havre de paix coloré. Le mobilier typique (fauteuils en fer forgé+cordes de couleurs, chaises basses en lamelles de bois, wax bleu blanc rouge en guise de nappe. Nous dégustons notre première Gazelle.

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L'entrée du parc national est située à l'arrière du campement. Un jeune garde nous confirme qu'en cette saison il n'est pas possible de le traverser, l'eau est trop haute et les pistes non dégagées.

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Quelques verres de thé plus tard, nous reprenons la route. La chaleur se fait plus douce même si nous ressentons une plus grande humidité dans l'air. Nous regardons partout, espérant voir des animaux sauvages. Singes, oiseaux bleus ou multicolores, serpent noir, une espèce de mangouste croisent notre route. Nous apercevrons même sur le bord d'une rivière en contrebas de la route un crocodile qui dort gueule ouverte.

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L'arrêt suivant, le long du fleuve Gambie, est un ravissement. Il est environ une heure avant le coucher du soleil, les villageois finissent baignade et lessive au fil de l'eau. J'aperçois au loin un pêcheur installé sur des rochers au mitan du fleuve. Un homme nu, accroupi, se savonne le corps. Je réussis à le photographier discrètement même si je n'aime pas trop ces photos volées. Quelques minutes plus tôt, j'ai effrayé une toute petite fille, un joli bébé, en lui disant juste bonjour.

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Dernière ligne droite jusqu'à Kédougou. Derrière nous le ciel s'embrase, enveloppant les herbes sèches qui bordent la route et les passagers du 4X4 d'une lumière orangée qui décline plus vite que le véhicule n'avale de kilomètres. L'entrée dans la ville se fait dans une soudaine obscurité et nous partons à la recherche d'un campement pour deux nuits.

Karine et moi dormirons seules ce soir dans une case au toit de paille. Le ventilateur ronronne, Karine s'est assoupie sous la moustiquaire après m'avoir dit que je ressemble à un écrivain colonial. Je suis assise sur une fauteuil en bambou et je porte un pantalon thaï blanc immaculé sur une tunique indonésienne.

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En arrivant tout à l'heure nous avons réussi à faire arrêter le 4x4 (Djebel est têtu et il n'avait pas envie que nous dormions là) chez des missionnaires catholiques qui n'ont cependant pas pu nous héberger faute d'avoir été prévenues à temps. Pendant que Monique discute avec l'une d'entre elles, je découvre stupéfaite que la cour est auréolée d'un énorme frangipanier qui répand ses fleurs parfaites sur le sol. Je n'ai pas revu et donc pas replongé mon nez dans les effluves délicieuses de ma fleur préférée depuis mon séjour à la Réunion 17 ans auparavant... Ma cueillette est précieuse, je glisse quelques fleurs dans la couverture du moleskine et respire à pleins poumons celles que je garde dans mes mains.

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photo prise à Dakar dans la lumière finissante

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